Le ministre libanais de la Santé, Hamad Hassan, a annoncé samedi qu'il n'y avait pas de nouveau cas d'infection par le nouveau coronavirus Covid-19 apparu en décembre en Chine, au lendemain de la confirmation du premier cas au Liban, une patiente de 45 ans rentrée de la ville iranienne de Qom.
"Un seul cas d'atteinte par le coronavirus a été diagnostiqué et il n'y a pas d'autre cas pour l'heure", a affirmé le ministre, lors d'une tournée à l'hôpital gouvernemental de Nabatiyé. "Les deux cas suspects ne sont pas atteints du nouveau coronavirus et ne présentent pas de symptômes. Ils se trouvent actuellement en quarantaine à domicile", a ajouté le ministre de la Santé.
Hamad Hassan a dans ce contexte appelé à ne pas paniquer et à respecter les mesures nécessaires. "Les dispositions sont réalistes et se font en fonction de nos moyens. Il faut faire la distinction entre les médias responsables et les rumeurs qui provoquent la confusion au sein de la société", a prévenu le ministre, qui s'est également rendu à l'hôpital gouvernemental de Saïda dans le cadre d'une tournée au Liban-Sud axée sur les mesures mises en place contre le nouveau virus.
Dans une conférence de presse donnée dans l'après-midi à l'hôpital Rafic Hariri, le ministre de la Santé Hamad Hassan a appelé à nouveau les Libanais à ne pas paniquer. "L’inquiétude est permise, mais ne la transformons pas en panique hystérique. Les autorités compétentes ont réagi rapidement pour faire face au virus. Nous sommes totalement transparents dans notre travail", a-t-il assuré. "Nous allons effectuer des tests supplémentaires pour les passagers qui étaient à bord de l'avion iranien et qui souffrent de symptômes. La mise en quarantaine n'est pas un jeu et le patient ne peut pas en sortir quand il le souhaite. Nous allons préparer aussi des sections dans les hôpitaux de plusieurs régions du Liban", a encore dit le ministre.
Plus tôt en journée, Hamad Hassan avait assuré que l'état de la patiente atteinte du nouveau virus "s'améliorait". Ses déclarations étaient intervenues à l'issue de la réunion d'une cellule de crise interministérielle qui s'est tenue au Grand sérail en matinée sous la présidence du Premier ministre Hassane Diab. "Les mesures concernant le coronavirus seront activées de plus en plus, sachant que l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) les ont saluées, avait ajouté M. Hassan. Nous sommes entrés en contact avec les autorités iraniennes qui vont prendre toutes les mesures nécessaires avant l'arrivée d'un nouveau vol (à Beyrouth en provenance d'Iran) lundi et les mesures seront appliquées (au Liban) à tous les vols provenant de pays où des foyers de coronavirus ont été enregistrés", avait également souligné le ministre.
La première personne contaminée est une Libanaise de 45 ans, placée actuellement en quarantaine à l'hôpital gouvernemental Rafic Hariri à Beyrouth. Hamad Hassan avait annoncé hier qu'elle s'était rendue à Qom, ville sainte d'Iran où plusieurs cas, dont deux mortels, ont été recensés depuis mercredi par les autorités iraniennes. Elle est revenue d'Iran, à une date non précisée, avec une forte fièvre, mais son système immunitaire répond bien et son état est stable, a déclaré à l'AFP une source médicale au sein de l'hôpital gouvernemental Rafic Hariri. Le ministre a par ailleurs indiqué que tous les passagers du vol emprunté par la malade, qui a atterri jeudi à Beyrouth, avaient été contactés par les autorités sanitaires.
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"Pas de raison de paniquer"
La cellule de crise a annoncé "la mise en place de mesures fermes à l'aéroport de Beyrouth et au niveau de tous les passages frontaliers, de même que la réduction du nombre de vols vers et en provenance de pays où des cas de coronavirus ont été enregistrés". La cellule a également fait savoir que "dans tous les mohafazat du pays, un hôpital gouvernemental sera équipé pour accueillir d'éventuels patients atteints du nouveau virus afin qu'ils soient mis en quarantaine". La cellule a également décidé d'interdire l'exportation des masques de protection ainsi que leur monopole par les commerces. Elle a enfin estimé qu'il "n'y a pas de raison de paniquer malgré toute l'exagération relayée par les médias (...)".
Pour sa part, le ministre de l'Economie, Raoul Nehmé, a annoncé l'interdiction "à partir d'aujourd'hui, et jusqu'à nouvel ordre, de l'exportation de matériel de protection contre les maladies infectieuses", sachant que le niveau d'exportation de ce matériel a enregistré une forte hausse ces derniers temps, selon le ministre. Raoul Nehmé a également indiqué que la direction de la protection du consommateur effectuera des tournées de contrôle auprès des pharmacies afin de s'assurer que les prix de ce matériel ne sont pas revus à la hausse.
En soirée, l'Ani a rapporté que la direction de protection du consommateur a dressé neuf procès-verbaux à l'encontre de pharmacies et de sociétés pharmaceutiques pour avoir gonflé les prix des masques de protection, profitant du climat de panique au sein de la population, après qu'un cas de coronavirus se soit déclaré au Liban.
Le ministre de l'Education, Tarek Majzoub, a de son côté publié un "plan national pour la protection contre le coronavirus" et qui porte sur la coopération entre les secteurs de l'éducation et celui de la santé.
Le ministre de la Santé a aussi tenu une conférence de presse conjointe avec la ministre de l'Information, Manal Abdel Samad, afin de sensibiliser les médias sur la question de la couverture du dossier du nouveau coronavirus. Les deux responsables ont ainsi appelé les médias à "s'abstenir de publier des informations infondées et de chercher les scoops". Mme Abdel Samad a appelé de son côté à "demander des comptes à tous ceux qui publient de fausses informations sur le coronavirus". Pour sa part, M. Hassan a affirmé que "onze cas suspects ont été testés aujourd'hui à l'hôpital gouvernemental Rafic Hariri mais aucun d'eux ne s'est avéré positif".
Dans l'après-midi, le président du bureau du grand et petit pèlerinage, au Conseil supérieur chiite, le cheikh Hassan Charifé, a publié un communiqué en réponse "aux appels à interdire aux voyageurs de quitter le Liban vers les pays où ont été détectés des cas de Covid-19". "Ce n'est pas dans les prérogatives du bureau d'interdire à toute personne de voyager quelque soit sa destination, que ce soit pour visiter l'Iran, l'Irak, l'Arabie saoudite pour le Hajj et la Omra, ou tout autre endroit. Il s'agit là d'une question générale libanaise et les décisions ou directives prises par le gouvernement libanais nous concernent comme tous les autres citoyens", rapporte le communiqué.
L'épidémie de Covid-19 a déjà fait plus de 2200 morts et a contaminé plus de 75 000 personnes en Chine et plus de 1100 ailleurs dans le monde.
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commentaires (13)
Heureusement que Hassouna est à l’isolement forcé depuis longtemps. On est sûr au moins qu’il ne contaminera pas les libanais si jamais par malheur il a contracté le virus lors de sa visite en Iran pour pleurer sur la tombe de son frère d’armes.
Sissi zayyat
13 h 16, le 23 février 2020