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Liban - Conflit

À Tripoli, des individus « manipulés » annoncent l’avènement de l’EI sur des façades d’églises

Contacté par « L'Orient-Le Jour », l'ancien député Moustapha Allouche a estimé hier qu'« il est faux de régler une erreur par une autre ».

La demande du ministre Achraf Rifi aux autorités judiciaires, les sommant d'engager des poursuites contre des individus ayant brûlé un drapeau de l'EI (État islamique, ex-Daech) à Achrafieh, a immédiatement eu des conséquences sur le terrain dans la ville de Tripoli, mis à part le tollé créé par le ministre sur les réseaux sociaux et dans les médias.

Quelques heures après la décision du ministre Rifi, samedi soir, des individus de Bab el-Tebbaneh connus pour avoir participé aux combats sanglants de Tripoli et pour soutenir Daech ouvertement auraient, selon des clichés qui ont circulé sur les réseaux sociaux, mis le feu à deux croix chrétiennes sous le drapeau de Daech. Toutefois, des sources de sécurité ont démenti hier les informations selon lesquelles les clichés des deux croix brûlées auraient été pris à Tripoli, affirmant que cet acte a eu lieu dans le camp palestinien de Aïn el-Héloué par des factions proches du régime Assad et du Hezbollah, « dans le but d'alimenter la discorde entre chrétiens et sunnites ». Une manifestation de protestation contre la profanation du slogan de Daech à Achrafieh avait en effet eu lieu samedi au camp de Aïn el-Héloué. La rue principale de Saïda a également été bloquée par des pneus en feu en signe de protestation.

(Lire aussi : L'incident du drapeau de l'EI sur la place Sassine crée de nouvelles tensions)

Le bureau de presse du ministre de la Justice, Achraf Rifi, a pour sa part publié hier un communiqué, dans lequel il a indiqué avoir ordonné aux autorités compétentes de mener des investigations pour vérifier les informations faisant état de jeunes ayant brûlé des croix. Le ministre a sur ce plan demandé au procureur général près la Cour de cassation, Samir Hammoud, de mener les enquêtes nécessaires pour vérifier l'authenticité de ces informations. « En se basant sur la sacralité des slogans religieux des religions monothéistes et sur la nécessité d'empêcher toute atteinte à leurs symboles, et étant donné que la croix est le symbole le plus important dans le christianisme, et que ce genre d'actes criminels peut avoir des répercussions graves sur la paix civile et la coexistence, le ministre de la Justice a demandé au procureur général près la Cour de cassation, Samir Hammoud, de charger les autorités compétentes de mener l'enquête et les investigations nécessaires, pour identifier les auteurs de cet acte, les poursuivre en justice et les châtier », a indiqué le communiqué.

« Des incidents isolés... »

Hier dimanche également, des inconnus ont inscrit sur les murs de deux églises à Tripoli un slogan daechiste affirmant que « l'État islamique arrive à grands pas ». L'armée a immédiatement œuvré pour effacer les inscriptions, tandis que la branche tripolitaine du Courant patriotique libre dénonçait ces actes et appelait les autorités compétentes à punir les criminels afin de sauvegarder la paix civile et la coexistence.

(Lire aussi : La liberté pour cinq militaires détenus par des jihadistes)

Contacté par L'Orient-Le Jour, l'ancien député et membre du bureau politique du courant du Futur, Moustapha Allouche, a de son côté affirmé que « tous ces agissements sont inacceptables, qu'il s'agisse des inscriptions sur les églises ou de la profanation du verset coranique sur le drapeau de l'État islamique ». « Il est important de ne pas nous laisser entraîner vers la discorde confessionnelle, et il est faux de régler une erreur par une autre, a-t-il déclaré. Ce n'est pas le drapeau de Daech qui est la cause du problème, mais bien le verset coranique qui y est inscrit. Qu'un groupuscule terroriste s'approprie un symbole religieux ne signifie pas qu'on peut y porter atteinte, tout comme certaines milices s'appropriaient des symboles chrétiens durant la guerre, et je comprends la décision d'Achraf Rifi en ce sens. »
M. Allouche a par ailleurs affirmé que la majorité des habitants de Tripoli refusent ce genre d'agissements, estimant que ceux-ci sont des « incidents isolés » mais qui sont effectués par « des individus qui peuvent être manipulés dans le but d'alimenter les tensions communautaires ». Il a enfin assuré que ces incidents peuvent arriver partout et ne sont en aucun cas spécifiques à la capitale du Nord.

(Lire aussi : Berry : Combattre le terrorisme est une responsabilité arabe et internationale commune)

Quant à l'ancien député Misbah el-Ahdab, il s'est interrogé « comment de tels actes peuvent être effectués alors que la ville de Tripoli est en pleine application du plan de sécurité ». « Ces actes ne sont pas permis et visent à alimenter la discorde entre sunnites et chiites ou entre musulmans et chrétiens », a-t-il expliqué à L'Orient-Le Jour.

Des affirmations reprises hier par le responsable de la Jamaa islamiya à Tripoli, l'avocat Hassan el-Khayal, qui a assuré dans un communiqué que « ces agissements ne reflètent pas les valeurs de Tripoli qui a protégé les églises durant la guerre du Liban et a toujours été un modèle de coexistence », appelant à mettre un terme à ces phénomènes qui posent plus d'un point d'interrogation et semblent orchestrés par une tierce partie. Surtout quand l'on découvre que l'incident de la place Sassine a eu lieu il y a trois semaines, et que les jeunes qui avaient tenté de mettre le feu au drapeau de Daech en avaient été empêchés sur-le-champ...


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