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Liban - Liberté de la presse

Atteintes contre les journalistes et censure en hausse au Liban

Le Centre SKeyes-Fondation Samir Kassir a fait paraître hier son rapport annuel 2013 sur la liberté de la presse et de la culture au Liban, en Syrie, en Jordanie et en Palestine. Le bilan pour le Liban est peu reluisant.

Rédigé par Firas Talhouk, le rapport met l'accent sur les atteintes aux libertés des journalistes ainsi que sur la censure qui s'est aggravée l'an dernier.


En 2013, explique l'auteur du texte, la détérioration de la situation sécuritaire au Liban a eu un impact négatif sur les libertés médiatiques et culturelles. Les institutions médiatiques et leurs employés ont été victimes de multiples agressions lors de la couverture des manifestations, des affrontements et des attentats qui ont secoué plus d'une région.
À cela s'est ajouté le retour de la censure. Plusieurs films locaux et étrangers ainsi qu'une pièce de théâtre ont été interdits, ce qui laisse présager un ralentissement de la croissance culturelle au Liban, après un déclin notable de la censure en 2012. De plus, le « bureau de lutte contre la cybercriminalité et de protection de la propriété intellectuelle », récemment créé au sein des Forces de sécurité intérieure (FSI), a convoqué et interrogé plusieurs journalistes et blogueurs, malgré le flou juridique autour de ses prérogatives effectives.
Les services de sécurité ont à plusieurs reprises empêché les journalistes de faire leur travail, et le Hezbollah a continué cette année à interpeller des journalistes avant de les interroger et de vérifier leur identité. Par ailleurs, les groupes qui ont lancé des campagnes massives de menaces contre certains journalistes, sur les réseaux sociaux et par téléphone, n'ont fait l'objet d'aucune enquête, contribuant ainsi au climat d'impunité qui a longtemps protégé les violateurs des libertés au Liban.


Dans les régions où des affrontements armés ont eu lieu, les combattants se sont souvent pris aux journalistes et à leurs équipements, en fonction de l'appartenance politique des médias qui les emploient. Une voiture appartenant à la chaîne LBCI a même été la cible de francs-tireurs le 26 octobre dans le quartier de Jabal Mohsen à Tripoli ; le reporter Edmond Sassine et le photographe Pierre Youssef ont échappé à la mort de justesse. À Tripoli aussi, les membres d'une équipe de la New TV, incluant la reporter Rona al-Halabi et des techniciens, ont été menacés et détenus plusieurs heures le 5 décembre. Les forces de sécurité et l'armée n'ont pas réussi à assurer la protection nécessaire aux journalistes, ni à livrer les agresseurs à la justice, non seulement à l'issue de ces deux incidents, mais dans plusieurs autres situations également. Les photographes du quotidien The Daily Star et de l'agence Reuters ont par exemple été roués de coups par des militants lors de la couverture de la prière à la mosquée al-Zaatari à Saïda le 28 juin. Dans le même cadre, les membres des équipes des chaînes OTV, MTV, New TV et Future TV ont été agressés par des partisans de cheikh Ahmad al-Assir à Abra le 5 juillet. Les forces de sécurité n'ont pas cherché non plus à intervenir, le 14 mai, lorsque le journaliste Habib Battah a été attaqué par des ouvriers travaillant pour le projet immobilier District S à Beyrouth, qui l'ont forcé à effacer des photos qu'il avait prises de la démolition de ruines antiques sur ce même chantier.

 

Agressions « officielles »...
Par ailleurs, les journalistes ont aussi été victimes d'agressions de la part des forces de sécurité. L'incident le plus dangereux a eu lieu le 26 novembre quand des agents armés de la Direction générale des douanes ont roué de coups les journalistes et caméramen d'une émission d'investigation diffusée sur la New TV. Des policiers ont également battu le journaliste Kassem Kassem le 20 mars lors d'une manifestation de soutien au Libanais Georges Ibrahim Abdallah détenu en France, alors que des soldats de l'armée et des membres des FSI ont agressé des dizaines de blogueurs et de militants de la société civile le 20 juin, lors d'un sit-in de protestation contre la prorogation du mandat du Parlement.


La crise syrienne a eu des répercussions indirectes sur le travail des journalistes au Liban. Le 26 mars, soit quelques jours après l'interdiction d'entrée au Liban du journaliste espagnol Oscar Gutiérrez, la Sûreté générale a détenu pendant sept heures le correspondant de la chaîne al-Arabiya, Mohammad Doghmoch, à l'aéroport international de Beyrouth. Le passeport de Doghmoch, comme celui de Gutiérrez, portait un tampon de l'Armée syrienne libre.


Le Hezbollah s'est quant à lui souvent substitué aux services de sécurité officiels en interpellant les journalistes dans les régions soumises à son influence, aussi bien avant qu'après les attentats qui ont frappé la banlieue sud de Beyrouth. Des membres du parti de Dieu ont procédé à l'arrestation du journaliste Rabih Damaj et l'ont soumis à un interrogatoire d'une durée de cinq heures le 10 mai. Des agents de sécurité du Hezbollah ont également interrogé le journaliste américain Josh Wood pendant une heure après l'attentat de Roueiss le 15 août. De même, le journaliste Hussein Chamas a été détenu pendant plusieurs heures à un barrage érigé par des militants du Hezbollah dans la région de Mar Mikhaël, à l'entrée de la banlieue sud, avant de l'insulter et de lui confisquer sa voiture, et le journaliste britannique Martin Armstrong a été détenu pendant 45 minutes à Bir Hassan, alors qu'il couvrait l'attentat contre l'ambassade d'Iran le 19 novembre.
Le « bureau de lutte contre la cybercriminalité et de protection de la propriété intellectuelle », aux pouvoirs toujours mal définis, a interrogé plusieurs journalistes et blogueurs, suite à la publication d'articles d'opinion sur les réseaux sociaux et les sites d'informations. Le rédacteur en chef du site al-Hadath News, Abdallah Kameh, a été interrogé pendant neuf heures. Le journaliste Mohannad Hage Ali a été convoqué au même bureau puis questionné pendant cinq heures, suite à la plainte déposée par les Forces libanaises contre l'auteur d'un article publié sur un blog que Hage Ali avait lancé. L'écrivain Loqman Slim a été interrogé pendant quatre heures, ainsi que la journaliste Racha al-Amine, dans le cadre de la même plainte.

 

La montée de la censure
Sur le plan culturel, l'année 2013 a marqué un retour de la censure après un certain déclin en 2012. La Sûreté générale a interdit la pièce de théâtre intitulée Bto2ta3 aw ma Bto2ta3 ? (Ça passe ou ça ne passe pas ? ) de Lucien Bourjeily, produite par l'ONG libanaise March dans le cadre de sa campagne contre la censure. Bourjeily a considéré que cette décision pousse les dramaturges à pratiquer l'autocensure, mettant ainsi en péril la création artistique au Liban.


La commission de censure sur les films a demandé au ministère de l'Intérieur d'interdire la diffusion du court-métrage Wahabtouka al-moutaa (Je t'ai offert le plaisir) de Farah al-Shaer, et du film français L'inconnu du lac, d'Alain Guiraudie, qui ont finalement été retirés du Festival international du film de Beyrouth.


La censure informelle s'est également poursuivie. Le tableau Farewell Beirut, peint par l'artiste Mohammad Saad et représentant nombre de politiciens libanais, a été retiré d'une exposition organisée à l'hôtel Le Gray en mai. De plus, la compagnie Eagle Films a coupé trente minutes du film The Wolf of Wall Street de Martin Scorcese, avant de réintégrer la plupart des scènes supprimées deux semaines plus tard.


Toutes ces violations montrent que les libertés médiatiques et culturelles au Liban continuent de faire face à trois obstacles majeurs : l'impunité des personnes qui portent atteinte aux journalistes, les agressions perpétrées à la fois par les services de sécurité et les groupes non étatiques contre les journalistes, ainsi que le retour de la censure sur les œuvres artistiques et culturelles. Le déclin du Liban dans les classements mondiaux de la liberté d'expression ne s'arrêtera que lorsque ces trois obstacles seront éliminés.

 

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commentaires (1)

On peut affirmer tout uniment que la censure est une reine, parce que la sottise est la reine des censeurs Sots. Tout en restant pondéré et pesant, mahééék, soigneusement les mots ! Quoi qu'il en soit, le problème d'une rénovation du Journalisme dans ce pays est sans doute un des plus brûlants pour ceux-là. Eux qui, par malversations réitérées le pourrissent, sont à la fois de méprisables Malsains puisqu'ils ouvrent la voie à un anti- démocratisme toujours menaçant, de même funeste évidemment. Certes, d'1 revalorisation des procédures permettant aux journalistes de mieux prendre en compte les aspirations de leurs lecteurs, on peut facilement glisser vers l'installation de comités de Salut Public" évacuants de problèmes embarrassants ; ou de Soviets à la virulence tétanisante. A l'évidence, ces Malsains soucieux de censure doivent prendre garde de ne pas stériliser ce "Journaleux", selon eux, qui présente l’avantage d'être surtout fragile. Ce qui ne les dispense pas de présenter leurs desiderata à ceux de ceux-là qui cornent de + en + qu’ils ont soi-disant encore, eux, les moyens de leurs responsabilités ; e.g. qu'à Ddâhïyéééh et quelques autres lieux aussi peu fréquentables, le temps est venu d'en finir avec ces censeurs fakkihistes. Sous peine de finalement acculer ces peuplades Jaunies, par l'ampleur des dégâts constatés, à passer de la foûtah safrah qui éponge, au Karcher jauni qui pulvérise !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

07 h 28, le 13 mars 2014

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Commentaires (1)

  • On peut affirmer tout uniment que la censure est une reine, parce que la sottise est la reine des censeurs Sots. Tout en restant pondéré et pesant, mahééék, soigneusement les mots ! Quoi qu'il en soit, le problème d'une rénovation du Journalisme dans ce pays est sans doute un des plus brûlants pour ceux-là. Eux qui, par malversations réitérées le pourrissent, sont à la fois de méprisables Malsains puisqu'ils ouvrent la voie à un anti- démocratisme toujours menaçant, de même funeste évidemment. Certes, d'1 revalorisation des procédures permettant aux journalistes de mieux prendre en compte les aspirations de leurs lecteurs, on peut facilement glisser vers l'installation de comités de Salut Public" évacuants de problèmes embarrassants ; ou de Soviets à la virulence tétanisante. A l'évidence, ces Malsains soucieux de censure doivent prendre garde de ne pas stériliser ce "Journaleux", selon eux, qui présente l’avantage d'être surtout fragile. Ce qui ne les dispense pas de présenter leurs desiderata à ceux de ceux-là qui cornent de + en + qu’ils ont soi-disant encore, eux, les moyens de leurs responsabilités ; e.g. qu'à Ddâhïyéééh et quelques autres lieux aussi peu fréquentables, le temps est venu d'en finir avec ces censeurs fakkihistes. Sous peine de finalement acculer ces peuplades Jaunies, par l'ampleur des dégâts constatés, à passer de la foûtah safrah qui éponge, au Karcher jauni qui pulvérise !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    07 h 28, le 13 mars 2014

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